Gustave Doré

26 septembre 2022

Jeunes Rédacteurs

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Aujourd’hui, l’illustration est beaucoup utilisée. Pour accompagner un texte, un article de presse, une publicité, un livre pour enfants… L’illustration est omniprésente dans notre société actuelle. Mais comment cet art est-il né ? Quel lien entretient-il avec le texte qu’il accompagne ?

Comment l’illustration est-elle née ?

Étymologiquement, l’illustration vient de Lustrare, qui signifie « éclairer » soit mettre en lumière le texte. Cette étymologie suggère que l’illustration dépend d’un texte qu’elle met en valeur. La notion d’illustration est ancienne, puisque, dès le IIème siècle, elle était présente pour illustrer la littérature. Au Moyen-âge, les clercs créaient des illustrations principalement sous formes d’enluminures pour la noblesse. Puis, avec la naissance de l’imprimerie, les illustrateurs ont pu accentuer l’usage de cet art. Mais c’est seulement au XVIIème siècle que le statut d’illustrateur a été reconnu, en se différenciant des peintres de tableaux. Au XVIIIème siècle, l’illustration s’est popularisée, puisque les éditeurs faisaient appels à des illustrateurs pour que les livres soient vendus plus chers. L’illustration était alors indispensable pour que le livre soit un triomphe commercial. En effet, les éditeurs illustraient les grands succès, tels que La Nouvelle Héloïse de Rousseau, ou Manon Lescaut de Prévost.

L’illustration a ensuite explosé au XIXème siècle grâce à la diffusion de la presse. La deuxième moitié est considérée comme l’âge d’or de l’illustration, notamment à travers le développement des magazines et de l’édition pour le large public. Certains illustrateurs sont mondialement connus, comme Gustave Doré, qui a réinterprété les contes de Perrault, Don Quichotte ou encore les fables de la Fontaine.

Aujourd’hui, on utilise particulièrement l’illustration dans le secteur du livre, bien qu’elle continue à l’être dans la presse lorsqu’elle n’est pas remplacée par des photographies.

Quel lien entretient-elle avec le texte qu’elle accompagne ?

L’illustration doit suggérer le monde de l’auteur pour donner encore plus de force évocatrice au texte. Elle lui est donc complémentaire. Pour cela, il faut d’abord adapter le texte à l’image en sélectionnant le passage à illustrer, voire en le condensant. Ces choix de l’illustrateur relèvent donc d’une forme d’interprétation, issue d’un jugement. En effet, considérer qu’un passage est important, revient donc à interpréter l’œuvre pour en extraire ses passages primordiaux. Aussi, l’illustration oriente l’interprétation que le lecteur se fait d’un texte.

Quelques exemples d’illustrations qui réinterprètent le texte et lui donnent un nouvel « éclairage »

Les illustrations peuvent réinterpréter un texte. C’est le cas de certaines illustrations d’œuvres classiques. Par exemple, les illustrations des contes de Perrault orientent clairement leur lecture en lui donnant un nouvel éclairage. À ce sujet, l’illustrateur Gustave Doré a crée un frontispice pour les contes de Perrault en le réactualisant à son siècle, puisqu’il représente une famille bourgeoise avec une grand-mère qui lit les contes à ses petits-enfants. Cette vision de la lecture intime n’était pas celle du vivant de l’auteur des contes. D’ailleurs, il ne les écrivait pas pour les enfants.

Aussi, Doré propose une réactualisation des contes en peignant une évolution de l’œuvre et de son rapport aux lecteurs. Plus récemment, le célèbre illustrateur Benjamin Lacombe a illustré le petit chaperon rouge, mais aussi Alice au Pays des Merveilles, ou encore les contes Macabres d’Edgar Allan Poe. À titre d’exemple, pour Alice au pays des merveilles, ses illustrations offrent une interprétation singulière de l’étrangeté du conte de Lewis Caroll, et réactualisent l’œuvre par des références modernes. 

Doré frontispice

Finalement, bien que l’illustration se distingue souvent d’une œuvre d’art en ce qu’elle accompagne un texte, elle est de plus en plus contemplée et appréciée seule, pour sa beauté et sa singularité. Par exemple, le tableau du peintre Millais « Ophélie » représente la jeune protagoniste de Shakespeare, et n’est pas considéré comme une illustration, mais bien comme une œuvre d’art. Alors ne faut-il pas enlever cette hiérarchie élitiste des œuvres, pour reconsidérer l’illustration comme un art à part entière ?

Article rédigé par Louise Chaufourier.

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